mardi 10 septembre 2013

Israël : le droit à la survie - par Michel GURFINKIEL

Michel GURFINKIEL

Il serait temps qu’Israël et les pays démocratiques prennent au sérieux la résolution 242 adoptée le 22 novembre 1967 par le Conseil de sécurité de l’Onu.

Voici près de quarante et un ans, du 5 au 11 juin 1967, Israël remporte une victoire décisive contre trois de ses voisins, l’Egypte, la Jordanie et la Syrie, et prend le contrôle d’un triple glacis territorial : le Sinaï, la Judée-Samarie ou Cisjordanie et le plateau du Golan. Le 22 novembre de la même année, la résolution 242 du Conseil de sécurité des Nations Unies formule trois considérations générales :

-    « L’inadmissibilité de l’acquisition d’un territoire par la guerre » ;
-    « La nécessité d’œuvrer à l’établissement d’une paix juste et durable dans laquelle chaque Etat (de la région) pourrait vivre en sécurité » ;
-    « L’engagement de tous les Etats membres de l’Onu de respecter l’article 2 de la Charte de cette organisation ».

La première de ces trois considérations semble constituer, a priori, une mise en garde contre toute annexion unilatérale par Israël des territoires conquis (reste à définir si ces territoires ne comprennent que le Sinaï et le Golan ou incluent la Cisjordanie et Gaza).
La deuxième fait de la sécurité d’Israël le critère fondamental d’une paix réelle au Moyen-Orent, et dispense donc implicitement cet Etat de toute concession tant qu’il n’aura pas obtenu des garanties tangibles dans ce domaine.

La troisième fait obligation aux Etats arabes de tenir leurs engagements envers Israël en tant que membres de l’Onu, c’est à dire à reconnaître son existence en droit et en fait, et à mettre fin à tout comportement hostile ou menaçant à son égard.

En vertu de ces considérations, la résolution 242 avance plusieurs principes en vue d’un règlement de paix :

-    « Un retrait israélien de territoires occupés » au cours du conflit du mois de juin ;
-  « La fin de toute revendication ou état de belligérance, ainsi que le respect et la reconnaissance de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’indépendance de chaque Etat de la région et de son droit de vivre en paix dans des frontières sûres et reconnues le mettant à l’abri de toute menace et acte de violence » ;
-    « L’établissement éventuel de zones démilitarisées ».

La résolution 242 est considérée depuis près de quarante-et-un ans comme la pierre angulaire du processus de paix israélo-arabe au Proche-Orient. Elle constitue la référence première et ultime de tous les textes, résolutions, traités, accords ou déclarations rédigés et adoptés par les diverses parties depuis cette date, y compris les Accords d’Oslo de 1993 et la Feuille de Route de 2002.

Faisons le compte : Israël a répondu à 100 % aux exigences ou recommandations de cette résolution.

En 1979, l’Etat juif a rétrocédé à l’Egypte sa principale conquête de 1967, le Sinaï, moyennant un traité de paix et la création de zones démilitarisées. En 1993, il a accepté le principe d’un retrait de Cisjordanie et de Gaza, moyennant l’établissement par étapes de relations pacifiques avec un Etat palestinien autonome puis indépendant, à capacités militaires limitées. Depuis 2000, il a indiqué qu’il était prêt à rétrocéder le Golan à la Syrie contre un traité de paix. En 2005, il a totalement évacué le Territoire autonome palestinien de Gaza. Quand il décide aujourd’hui, selon les paroles de son premier ministre Ehud Olmert, de poursuivre la construction d’unités d’habitations dans des localités israéliennes crées en Cisjordanie depuis 1967, il se conforme toujours à la résolution 242, qui ne prescrit pas l’évacuation intégrale des territoires conquis à cette date, mais subordonne tout retrait aux impératifs de sécurité du pays juif.

Les voisins arabes d’Israël n’ont répondu au mieux qu’à 50 % des exigences de la résolution 242 (cas de la Jordanie, qui applique presque intégralement ces exigences en tant qu’Etat, mais ne fait rien pour éduquer sa société dans le respect de la paix et la reconnaissance d’Israël) ou 25 % (cas de l’Egypte qui, sous Hosni Moubarak, applique le traité de paix de 1979 selon la lettre mais non selon l’esprit). Quant à l’Autorité palestinienne créée en 1993, elle a constamment violé ces exigences. Il n’y a malheureusement aucune différence à cet égard entre Yasser Arafat et son successeur, Mahmoud Abbas. Je ne parle pas d’Etats intervenus plus tard dans le conflit, mais devenus des protagonistes majeurs, comme cet Iran khomeiniste dont l’appartenance à l’Onu constitue en soi un scandale.

Il serait temps qu’Israël et les pays démocratiques prennent acte de ces comportements. Qu’Israël, en conformité absolue avec la résolution 242, place désormais son droit à l’existence reconnue et à la sécurité – en clair : son droit à la vie - au dessus de toute obligation de retrait. Et que les Etats démocratiques refusent désormais de cautionner ce qui aurait pu être un processus de paix mais n’est plus guère que le cache sexe d’un génocide à venir.


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