dimanche 11 août 2013

Jérusalem, la Judée et les Juifs vus par un écrivain catholique en 1843 - par CS




L'ouvrage d'Ernest Henri Garnier s'adresse avant tout aux lecteurs catholiques. Son but est en effet de montrer que "toutes les parties du territoire de ce pays, ses montagnes, ses vallées, ses déserts même, offrent à chaque pas des lieux consacrés par quelque trait de la vie de notre divin Sauveur".
 
Ce livre ne présente donc a priori pas le moindre intérêt pour le lecteur préoccupé  par des problématiques spécifiques au sionisme.

Pourtant, l'auteur s'attache à rendre compte d'un "pays auquel les modernes donnent le nom de Palestine, [qui] est une partie de la Turquie d'Asie, comprise entre les 31° et 34° de latitude nord, et bornée par la Méditerranée, le désert de Syrie, le Jourdain et la mer Morte" (p. 5). Et ses observations, qui portent sur le temps présent soit à peine une génération avant l'apparition des premières organisations sionistes, s'enracinent dans la réalité physique et humaine de son époque.

Il convient de noter que le caractère juif de la Palestine constitue une évidence pour l'auteur.

D'abord, le titre est explicite à cet égard tant dans la forme que sur le fond. Dans la forme : l'accent est mis sur Jérusalem et la Judée dont la taille des caractères typographiques est nettement plus importante que celle utilisée pour les termes Palestine ou Terre-Sainte. La Judée l'emporte donc sur la Palestine. Sur le fond : Jérusalem et la Judée sont inséparables.

Ensuite, la définition géographique qu'on a vue plus haut montre qu'Ernest Henri Garnier n'est pas dupe de l'utilisation du terme Palestine ("pays auquel les modernes donnent le nom de Palestine", p. 5) mais il se plie manifestement à un usage courant.

Enfin, l'auteur rappelle que "l'étendue de la Palestine a varié à différentes époques, suivant la nature des différents gouvernements que les Israélites s'y choisirent ou furent forcés de reconnaître" (p. 8). Autrement dit, il y a un lien consubstantiel entre la Palestine, sa taille et le gouvernement israélite selon que le peuple d'Israël est souverain ou dominé. Tout simplement parce que la Palestine est juive.

Par ailleurs, l'auteur consacre un grand nombre de pages à l'histoire antique et biblique du peuple d'Israël ainsi qu'à son organisation religieuse et sociale (les intitulés des chapitres suffiront à convaincre le lecteur qui n'aurait pas le temps de lire ce livre).

Plus loin, l'auteur revient sur le rapport entre le peuple juif, sa terre et sa condition, en citant longuement Chateaubriand (cf. pp. 141-142). Ses convictions catholiques peuvent paraître désagréables concernant le "déplorable aveuglement" du peuple juif. Et la description de ce peuple juif souffrant et soumis peut blesser. Mais il écrit sans la moindre animosité à son encontre. Au contraire, il laisse transparaître son admiration pour ce peuple qui "a assisté dix-sept fois à la ruine de Jérusalem, et rien ne peut le décourager, rien ne peut l'empêcher de tourner ses regards vers Sion". Il estime ailleurs à 4 000 le nombre des Juifs qui vivent à Jérusalem pendant le deuxième quart du 19e siècle. Et il ajoute : "les Perses, les Grecs, les Romains ont disparu de la terre, et un petit peuple, dont l'origine précéda celle de ces grands peuples, existe encore sans mélange dans les décombres de sa patrie. Si quelque chose, parmi les nations, porte le caractère du miracle, nous pensons que ce caractère est ici".


CS

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